Octobre 2025. Un an plus tard, exploration retour et de jour du Sanatorium Simone Weber en Lorraine.
Bienvenue à Glauque-Land
Dans la préface de Glauque-Land, Yves MARCHAND et Romain MEFFRE écrivent :
Et quand pas mal d’ « urbexeurs » et plus particulièrement les photographes (et nous nous comprenons évidemment dans ce lot-là) ont une certaine boulimie dans la visite des lieux, une certaine « collectionnite », une envie presque intarissable d’exotisme, Tim, de son côté, a une approche très ancrée dans la durée et dans le local : du véritable slow-urbex ! Il revient souvent quand il le peut sur certains sites qu’il affectionne, pas forcément loin de chez lui, il continue de fouiller, prend son temps, redécouvre des petits riens qui mettent en marche son imaginaire.
Tandis que nos durées de trajet s’allongent toujours plus, l’approche de Timothy HANNEM – l’auteur du site Internet puis de cet ouvrage du même nom – reste inévitablement dans un coin de ma tête. Se déplacer plus loin en Lorraine puis en France et à l’étranger est certes nécessaire pour découvrir des lieux abandonnés, mais requiert du temps et de l’argent, que nous n’avons malheureusement pas à profusion. Et puis retrouver ces endroits que nous avons déjà explorés ne nous rebute pas, bien au contraire. Ils sont pour nous des individus à part entière, dont nous aimons prendre des nouvelles. Comment vont-ils ? Que sont-ils devenus ?
Troisième visite
C’est ainsi que je visite pour la troisième fois le Sanatorium Simone Weber, la seconde dans un cadre véritablement urbex. Celle de 2015 étant davantage une déambulation mal préparée, poussée par la mode de la chasse aux fantômes sur le YouTube francophone d’alors.
Il s’agit aussi de la première exploration que j’effectue en solo. Le pote n’est pas dispo, la météo s’avère idéale en ce début d’automne, je connais bien le lieu… Autant d’arguments pour contredire l’une des sacrosaintes règles de cette pratique : ne jamais y aller seul, pour des raisons évidentes de sécurité, en cas d’accident ou de mauvaise rencontre.
Un autre monde
Cette visite en solitaire est aussi l’occasion de m’essayer à la pose longue. Les premiers étages murés du Sanatorium Simone Weber sont idéaux pour ça.
Trépied, mode manuel, ouverture à f/11 pour une grande profondeur de champ sans perte de piqué, vitesse limitée à 30s – je n’ai pas encore de télécommande pour dépasser ce délai en mode bulb – et sensibilité non plafonnée.
J’appuie sur le déclencheur, le miroir pivote, la lumière entre dans l’objectif et « s’imprime » sur le capteur. 15, 20, 30 secondes plus tard, le résultat apparaît à l’écran. Une lumière douce et chaude jaillit de la pénombre et remplit la pièce, le couloir. Pour la première fois, je prends conscience que mon appareil photo peut voir bien mieux que moi, et faire apparaître une autre forme de réalité.
Formes de vie
Le passage de la nuit au jour donne des perspectives au bâtiment, inexistantes lorsqu’éclairées à la lampe torche, rouge de surcroît. Il apparaît alors dans toute son immensité, jusqu’à redécouvrir une salle avec des machines, que nous avions manquée l’année précédente.
Je suis par ailleurs surpris de la localisation de certains graffitis, comme s’ils s’étaient déplacés durant mon absence. D’autres sont restés miraculeusement indemnes. Tandis que d’autres encore ont subi les affres du temps.
A bientôt
Je quitte le Sanatorium Simone Weber avec la satisfaction d’avoir redécouvert un lieu que j’apprécie et la technique pour le mettre davantage en valeur. Des explorations passées seront ainsi prochainement futures.
Quant au fait de visiter seul un lieu abandonné, la conclusion est plus nuancée. Bien que cela permette un état rare de contemplation et d’introspection, et offre du temps aux expérimentations techniques, ces deux avantages ont leurs revers : la question de la sécurité, bien sûr, et celle de l’imagination. Les monstres sous le lit n’existent que dans nos têtes, mais la nuit, dans un endroit inconnu, ils savent s’en échapper.
Non, toute aventure vaut la peine d’être vécue que si elle est partagée. D’abord sur le terrain, ensuite dans ces articles.
Photos prises avec :
– Boîtier Nikon D750
– Objectif AF-S NIKKOR 16-35mm f/4G ED VR
– Trépied Manfrotto Befree Advanced































