Avril 2025. Exploration d’un fort allemand abandonné de la fin du dix-neuvième siècle en Lorraine, certains murs et plafonds effondrés.
Voix d’outre-tombe
L’Ouvrage Grauer Bär nous ayant quelque peu laissé sur notre faim, nous partons vers une deuxième exploration durant la même journée.
Arrivés devant une grille surplombant le Fort Nago, nous apercevons un sanglier de taille imposante à notre hauteur, sur le versant opposé. Il est seul, se déplace lentement, puis disparaît dans les fourrés. Nous descendons alors une partie effondrée d’un mur maçonné et marchons le long de celui-ci, à la recherche d’un accès.
Restés attentifs à la présence de l’animal, nous sommes surpris par une voix provenant de l’un des créneaux. Il s’agit de celle d’un homme. Il nous explique avec passion qu’il est passé par un souterrain sous nos pieds. Et que des entrées se situent sur l’autre coteau, là où l’attendent sa femme et ses enfants. Il y a sans doute meilleur terrain de jeu infantile qu’un ouvrage abandonné, mais chacun est responsable de soi et des siens. Nous le prévenons simplement de la présence du suidé, ce qui ne semble pas l’inquiéter.
Chez Ghibli
Après la vision du dieu sanglier de Princesse Mononoké, nous voici arrivés dans Le Château dans le ciel. Car le Fort Nago produit une impression de cité perdue, avec sa beauté, sa lumière, ses contrastes. Il se présente presqu’entièrement recouvert d’une végétation luxuriante, tandis que certains de ses murs, couloirs et plafonds en surface sont effondrés. Il s’agit du lieu en plus mauvais état que nous ayons exploré jusqu’à maintenant, et l’un des plus intéressants visuellement aussi. Ceci explique donc cela ? Probablement.
Nous visitons plusieurs casemates sur l’autre versant. Nous découvrons ici une tourelle, là une quantité de bouchons en plastique d’origine inconnue. Puis nous empruntons un colimaçon qui n’en finit pas de descendre, menant au souterrain évoqué précédemment. Il conduit vers une pièce de taille moyenne, agrémentée de créneaux et d’un toilette. Un poste de surveillance du fossé dans lequel nous étions descendu, couvrant la partie arrière de l’ouvrage.
Remontés à la surface, nous rencontrons et échangeons quelques mots avec la famille réunie. L’opportunité de constater que des parents emmènent bien jouer leurs enfants dans un site aussi dangereux. A cet âge-là, les décors à la Ghibli se construisent tout aussi facilement dans les jardins publics. Les forts abandonnés sont à réserver aux adultes en manque d’imagination.


























