Mai 2025. Exploration d’un petit ouvrage abandonné de la ligne Maginot, perdu dans une forêt en Alsace.
Des fortifications mythiques
Nous avions déjà visité une majorité de forts quand nous est venue l’idée d’explorer un ouvrage de la ligne Maginot. Certainement pour pousser plus loin encore le plaisir de découvrir une construction enterrée et protégée par une épaisse végétation. Sans doute motivés aussi par les vidéos montrant ces accès mystérieux en pleine nature à de gigantesques galeries.
C’est ainsi que nous nous rendons à l’ouvrage Noddy, dans une forêt alsacienne, à quelques kilomètres de la frontière allemande.
Les dangers de l’urbex
Nous crapahutons parmi la densité des branches et orties, à la recherche de rails antichars indiquant la proximité d’un bloc de combat. Une fois découverts, nous devons nous méfier des barbelés et surtout des queues de cochons, des piquets particulièrement dangereux. La version haute d’un peu plus d’un mètre vous transpercerait le buste sans problème. La version basse de quelques dizaines de centimètres à peine s’avère à peine visible, et passerait à travers votre chaussure puis votre pied sans difficulté non plus. Dans les deux cas, l’ardillon – en forme de queue de cochon, donc – vous empêcherait de retirer la tige de métal. Sans secours ni disqueuse, vous imaginez facilement la suite.
Plusieurs blocs sont condamnés pour cause de vandalisme, d’après les indications sur leurs portes. Nous finissons par trouver un accès, sous forme d’une longue galerie de service. Son aspect, en très mauvais état par endroits, nous rappelle trois principes sécuritaires fondamentaux en urbex : s’équiper de vêtements solides et de protections articulaires et respiratoires, transmettre ses coordonnées GPS à des proches et, bien sûr, ne prendre aucun risque démesuré.
Des bruits sourds
Les centaines de mètres de souterrains nous mènent tout d’abord à un véhicule électrique, permettant autrefois de les parcourir rapidement et avec équipements. Nous découvrons ensuite cuisines, sanitaires et dortoirs, ainsi qu’une partie technique avec groupes électrogènes et réservoirs d’eau.
Plus loin, nous accédons enfin aux blocs de combat, dont certains semblent davantage épargnés par le temps. Le béton présente peu de fissures, les peintures de répartition des quarts sont encore lisibles.
Déjà plus d’une heure que nous explorons les lieux, respirons mal à travers nos masques FFP3 et entendons des bruits sourds espacés provenant de la structure elle-même. Comme des cognements. On pense au béton fissuré de la galerie d’accès et on se dit que ce serait une bonne idée de ne pas rester trop longtemps. Nous retrouvons avec plaisir la lumière du jour, qui plus est le soleil a remplacé la pluie.
L’exploration de l’ouvrage Noddy fut un plaisir, malgré le stress pour notre sécurité. Si plusieurs blocs sont fermés pour cause de vandalisme, tous mériteraient de l’être pour éviter des accidents. Ou alors d’être convertis en musée, pour la mémoire.












































