Septembre 2025. Exploration du Lockheed P2V-7 Neptune, un avion de lutte anti sous-marine, dépérissant dans une ancienne base de l’OTAN dans le Grand Est.

Une célébrité
Mon pote me parle d’un avion militaire abandonné dans un aérodrome, quelque part dans le Grand Est. J’effectue des recherches, pour me rendre compte qu’il s’agit d’un spot d’urbex renommé dans la région, à l’instar du Sanatorium Simone Weber. D’autant qu’il a longtemps été accompagné de quatre autres appareils.
Il s’agit d’un Lockheed P2V-7 Neptune. Sorti des usines de Burbank (Californie) en 1959, il servit dans plusieurs flottilles de la Marine nationale. Jusqu’à son retrait en 1983 et son dépôt dans cette ancienne base de l’OTAN depuis la fin des années 1990.
Il est prévu pour être prochainement recueilli par le Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget, en Île-de-France. Allons-y avant qu’il ne soit trop tard !


Verrière du poste d’observation avant

Train d’atterrissage avant
Sa place est dans un musée !
Cette réplique d’Indiana Jones aurait pu être lancée pour ces avions, puisque le projet d’origine prévoyait de les léguer à un musée créé à cet effet. Celui-ci n’a jamais vu le jour, les condamnant alors aux intempéries et au pillage pendant plus de vingt ans. Certains seront finalement démantelés ; d’autres, reconstruits. Tandis qu’une collection privée allemande met en avant des appareils prestigieux (Concorde, Bourane et 747, entre autres) à moins de quatre heures de Nancy, nous sommes incapables de valoriser notre patrimoine industriel et militaire. Un formidable gâchis.

Réacteur de 1,5 t de poussée à gauche, moteur 18 cylindres en étoile de 3’800 ch à droite

Radar

Paramètres photo
Il s’agit de la deuxième sortie urbex avec le Nikon D750, équipé d’un NIKKOR 16-35mm f/4. Je me focalise encore sur le triangle d’exposition, ne m’en voulez pas si je n’approfondie pas le reste !
Fin de l’été, début d’après-midi, ciel dégagé. Je ne manque pas de lumière à l’extérieur, et suis dans la pénombre à l’intérieur. Je risque ainsi de cramer les images dans les deux cas, et de les boucher à l’intérieur. Donc bien ajuster l’exposition et vérifier le résultat dans l’histogramme.
Un avion abandonné d’environ 30 m de longueur et d’envergure à immortaliser. Je choisis une profondeur de champ de f/11 pour les photos en extérieur, afin d’avoir la netteté sur l’ensemble de l’aéronef, sans perte de piqué.
Dans l’habitacle, j’ouvrirai davantage et avec une sensibilité maximale augmentée à 5’000 ISO, pour maintenir le temps de pose en-dessous de 1/100 s en se passant du trépied et avec un bruit numérique acceptable.
Je définis par ailleurs la balance des blancs en automatique, la mesure de la lumière en matricielle et la mise au point en AF-S.

Train d’atterrissage principal


Lego pour adultes
Nous y sommes restés quelques heures, j’aurais pu y passer la journée. A mitrailler chaque surface, chaque composant de cet albatros. A en admirer ses lignes, sa construction. Seule la peinture défraîchie et les pièces corrodées témoignent des ravages du temps. Depuis l’extérieur, nous pourrions croire qu’un entretien rapide suffirait à lui faire reprendre les airs. Il en est autrement à l’intérieur.

Détecteur d’anomalies magnétiques

Poste de pilotage

Spartiate
Sièges, équipements, jauges, tout ou presque a disparu. Ne subsiste que l’essentiel. Suffisamment pour imaginer les conditions de vol difficiles des sept à neuf membres d’équipage, qui plus est avec les rares ouvertures vers l’extérieur. Sans oublier le vacarme des moteurs et réacteurs.
Chaque exploration est l’opportunité de découvrir un vestige du passé – meubles, machines, véhicules. Nous sommes ici dans le vestige lui-même, et non des moindres.



Le moustique et l’enclume
Grâce à mes amis – merci encore à eux ! – j’ai eu la chance de piloter récemment un Stampe SV4-RS. La réplique d’un biplan des années 1930, soit 315 kg et 100 ch volant à une vitesse maximale de 170 km/h. Cet avion d’entrainement de l’Armée de l’Air française a servi jusque dans les années 1960. Il n’est en rien comparable aux 33 t, 7’600 ch (sans les réacteurs) et 649 km/h du Lockheed P2V-7 Neptune. Et pourtant, les mêmes pilotes ont appris aux commandes du premier avant de passer à celles du second.


Cockpit devant, bureaux des opérateurs radar et sonar, du navigateur et du commandant tactique à droite

Figure de proue
Je descends sous le cockpit et me faufile le long du train d’atterrissage avant. Après la pénombre, je découvre une cellule baignée de lumière. Je m’assois à l’emplacement de l’observateur, juste derrière la verrière. A quelques mètres de la surface de l’océan, les sensations devaient être incroyables !


Train d’atterrissage avant

Poste d’observation avant
Développement
A la différence du Fort Akira, aucun problème de durée d’exposition à déplorer ici. A l’intérieur, bien sûr, puisque l’extérieur est suffisamment lumineux pour que la question ne se pose pas. Le boîtier n’a pas besoin de descendre sous 1/100 s, ni d’atteindre 5’000 ISO.
Aussi, aucun histogramme ne présente de photos cramées ou bouchées. La mesure matricielle de la lumière est donc relativement adaptée à cet urbex. Relativement puisque les rares ouvertures dans le fuselage nécessitent que je baisse considérablement la valeur d’exposition, afin d’obtenir une courbe d’histogramme non collée à l’une ou l’autre limite. Cependant accepter d’en être proche et conserver suffisamment d’informations dans l’image, pour s’en servir dans NX Studio.



Caisson central faisant jonction entre les deux ailes
Cuisine et dépendances
Après plusieurs postes opérateurs, je glisse par dessus le caisson central, pour découvrir ce qui ressemble… à une cuisinière. Elle dénote tellement dans ce décor que je doute qu’il s’agisse réellement de cela. D’autant que je n’ai trouvé aucune source le confirmant. Quoi qu’il en soit, avec un rayon d’action de 3’500 km, le Lockheed P2V-7 Neptune pouvait passer la journée en vol, d’où l’utilité de cet équipement.

Cuisinière ?

Tubes lanceurs de bouées sonars et probablement de charges de profondeur

Poste d’observation arrière
Au fond
Proches de l’empennage apparaissent des tubes lanceurs de bouées sonars et probablement de charges de profondeur.
Plus loin, deux postes d’observateurs, dont les sièges s’avèrent miraculeusement intacts. Deux grandes ouvertures pour scruter longuement la surface de l’eau. On imagine facilement le mélange de lassitude et de frustration émanant de cette fonction.

Vers le détecteur d’anomalies magnétiques

Depuis le poste d’observation arrière

Au revoir ?
Comme évoqué dans les premières lignes de cet article, il est prévu que ce Lockheed P2V-7 Neptune soit bientôt recueilli par le Musée de l’Air et de l’Espace. Espérons que ce projet se concrétise, ce sera l’occasion pour toutes et tous de l’admirer dans son état d’origine, nous les premiers.
Photos prises avec :
– Boîtier Nikon D750
– Objectif AF-S NIKKOR 16-35mm f/4G ED VR
Magnifique reportage sur notre patrimoine.
Explications à la portée de tous. Bravo !
Merci !
Phenomenal photographs and an even better write-up! Thank you for making this accessible to the world through your wonderful photography 🙂
It’s sad to see these old planes just sitting there, waiting to be called back into operation. I feel as if my looking at a old friend. Thank you again 🙂
Thank you very much for your comment, I appreciate it! Yes, it’s a shame to see it slowly dying, ravaged by the weather and looting. Let’s hope the museum project comes to fruition!